Au Nigeria, le massacre des chrétiens continue

, par  DMigneau , popularité : 0%

Au Nigeria, le massacre des chrétiens continue

Entre les élections législatives, dont la campagne se déroule pourtant " à bas bruit ", et la poursuite de la guerre " impérialiste " que mènent les Russes en Ukraine, les évènements qui se passent au Nigeria sont peu relayés par les médias français. Le dimanche 5 juin, des dizaines de chrétiens réunis dans une église ont été tués, probablement par un commando " islamiste " lors d’une nouvelle attaque à caractère génocidaire...

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nigeria

Outre la perspective des élections législatives et la poursuite des combats dans le Donbass, le week-end de " la Pentecôte " a été très largement dominé dans les médias français par deux évènements jugés d’intérêt " planétaire " par les diffuseurs : le " Jubilé de platine " de la reine Élisabeth II et la 14e victoire de Rafael Nadal au tournoi de tennis de Roland-Garros.

À de rares exceptions près, peu de reportages ont en effet été consacrés à l’effroyable carnage qui s’est déroulé durant la messe de " la Pentecôte " dans l’église Saint-Francis d’Owo (État d’Ondo), une petite ville située à 300 kilomètres au sud-est de Lagos.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Lagos

On a pourtant dénombré, affirment l’agence Reuters et les médias nigérians, une cinquantaine de morts et des dizaines de blessés, y compris des vieillards, des femmes et des enfants, lors de cette attaque terroriste commise par cinq hommes à l’explosif et au fusil d’assaut.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Reuters

Une véritable boucherie qui n’a pas manqué d’horrifier la population de cette localité jusque-là peu touchée par les crimes perpétrés depuis une douzaines d’années au Nigeria, notamment à l’encontre des " chrétiens ". Car il fait peu de doute que c’est pour des motifs religieux que les fidèles de ce diocèse ont été ciblés et méthodiquement abattus par les tueurs.

En l’état actuel des informations dont on dispose, il est impossible de savoir si les auteurs de cet odieux crime de masse étaient : des " Peuls " musulmans armés et fanatisés ; des " activistes " du mouvement islamiste " Boko Haram ", lequel impose la charia dans le nord du pays et a clairement pour objectif de l’étendre progressivement aux autres régions du territoire nigérian, y compris dans celles où vit une majorité de " chrétiens ".

https://fr.wikipedia.org/wiki/Boko_Haram

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charia?tableofcontents=1

Ou bien encore des dissidents appartenant au mouvement salafiste " Iswap " (" État islamique " en Afrique de l’Ouest).

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tat_islamique_en_Afrique_de_l%27Ouest

Eu égard aux personnes visées et au lieu du crime, le caractère génocidaire de ce monstrueux attentat commis contre de paisibles " chrétiens " semble en tout état de cause avéré, même si la volonté de mainmise des " Peuls " (musulmans) sur les possessions agricoles et pastorales (" chrétiennes ") de la " Middle Belt " et du sud ne sont probablement pas totalement étrangères à la commission de ces crimes.

Cet attentat marque l’échec total de la politique " sécuritaire " du président Muhammadu Buhari.

Rappelons que cet ancien général est arrivé au pouvoir en 2015 grâce notamment à sa volonté affichée d’en finir " dans les 6 mois " avec " l’hydre terroriste " qui ensanglantait régulièrement le Nigéria.

Non seulement le président n’a pas éradiqué le terrorisme, mais jamais les actes criminels – lapidations, exécutions sommaires, tueries de masse – commis contre les populations, notamment " chrétiennes ", n’ont été aussi nombreux. Au point que l’on estime que ces " années noires " ont causé la mort de 35 à 40 000 personnes et entraîné le déplacement de près de 2 millions de personnes fuyant principalement les zones soumises aux " islamistes ".

" Ce qu’il s’est passé à Owo révèle l’impunité dont jouissent les bandits armés qui se déchaînent à travers le pays ", a déclaré le 6 juin Osai Ojhigo, la présidente nigériane d’ " Amnesty International ".

" Cet évènement tragique devrait être un déclic pour les autorités ", a ajouté la porte-parole de l’ONG.

Sera-t-elle entendue ?

C’est malheureusement peu probable si l’on se réfère à l’incurie des années de pouvoir de Muhammadu Buhari.

Le fait que le président nigérian et les principaux chefs de « l’État-major » soient des " Peuls " est-il, comme le suggère Bernard-Henri Lévy à l’instar d’autres observateurs, une explication de la pusillanimité du pouvoir en place, complaisant avec les puissants – y compris les bandes armées " peules " et les Islamistes de " Boko Haram " dont Buhari a naguère soutenu la volonté de promouvoir la charia - et indifférent au sort des faibles ?

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charia?tableofcontents=1

Si tel est le cas, le pire est à craindre dans les prochains mois : le velléitaire président nigérian est en place jusqu’en 2023 et se contentera, comme toujours, d’exprimer sa " compassion horrifiée " !

Fergus

AgoraVox.fr