Californie : l’incendie " Dixie Fire " poursuit ses dégâts, la ville de Greenville détruite
Californie : l’incendie " Dixie Fire " poursuit ses dégâts, la ville de Greenville détruite
En proie aux flammes, la ville de Greenville, en Californie, a été presque entièrement ravagée jeudi 5 août. Anadolu Agency via AFP
Depuis trois semaines, la Californie est en proie à un gigantesque incendie, attisé par des vents continus et une sécheresse alarmante. Jeudi 5 août, la petite ville de Greenville a presque été entièrement détruite. Un drame qui rappelle le funeste brasier de 2018 dans cet État.
Des amas de cendres, c’est quasiment tout ce qu’il reste de Greenville, une petite ville californienne de 800 âmes ravagée par l’incendie " Dixie Fire ", hier, jeudi 5 août.
" La majorité du centre-ville de Greenville a été complètement détruite ", a confirmé le photographe Stuart Palley, photos à l’appui.
Et d’ajouter : " Mon cœur est brisé pour cette belle petite ville ".
Même tristesse chez Josh Edelson, un autre photographe qui a immortalisé les sinistres scènes : « Malheureusement, le " Dixie Fire " a détruit la majorité de Greenville aujourd’hui. »
Ce brasier qui dévaste la Californie depuis trois semaines est une combinaison de plusieurs facteurs : des vents continus et des effets désolants du « changement climatique », notamment une chaleur accablante et une sécheresse extrême dans la région.
Pour l’instant, " Dixie Fire " a déjà détruit plus de 110 000 hectares. Par ailleurs, il a atteint Greenville aux alentours de 16 heures mercredi (23 h 00 GMT), a précisé Jake Cagle, chef de section au sein de l’équipe de « gestion de crise », cité par l’AFP.
Un ordre d’évacuation a été donné dès mardi.
" Si vous êtes restés, vous devriez évacuer vers l’est, immédiatement ! ", avait " tweeté " le bureau du shérif du comté de Plumas, à l’attention des habitants de Greenville et de Chester.
Problème : des habitants ont refusé d’obéir.
Mercredi soir, Jake Cagle a souligné que ses confrères et lui avaient été retardés dans leur travail. Afin de convaincre et d’aider les concernés, ils ont dû sacrifier du temps et des ressources dans leur lutte contre " Dixie Fire ".
Pire, des " gardiens du feu " ont même été menacés.
" Nous avons des pompiers qui se retrouvent face à des armes braquées sur eux, à cause de personnes qui ne veulent pas évacuer ", a précisé Jake Cagle.
En dépit de leurs efforts, les pompiers du secteur ne sont pas parvenus à juguler l’incendie avant que celui-ci engloutisse la ville. La détermination et le dévouement - oui- mais " parfois, cela ne suffit pas ", a admis Mitch Matlow, leur porte-parole.
En conséquence, de nouveaux ordres d’évacuation ont été émis jeudi.
D’impressionnants clichés montrent des voitures en flammes ainsi que des lampadaires métalliques pliés en deux par la chaleur de l’incendie. Quelques rares bâtiments et habitations ont tenu le coup mais certains, vieux de plus d’un siècle, ont été dévastés.
Greenville a été construite au milieu du XIXème siècle, lors de la ruée vers l’or californien.
Ce redoutable incendie réveille de sombres souvenirs dans l’esprit des Californiens.
En 2018, le " Paradise Fire ", incendie le plus mortel dans cet État, avait causé la mort de 86 personnes. La faute à des lignes électriques défectueuses, qui sillonnaient la ville septentrionale de Paradise.
Le fournisseur d’énergie " Pacific Gas and Electric " (PG&E), plus grande compagnie d’énergie de Californie, avait plaidé coupable du chef d’accusation " d’homicide involontaire ".
Trois ans plus tard, il est de nouveau mis en cause pour le " Dixie Fire " car un arbre est tombé sur un câble d’alimentation le jour où l’incendie a débuté.
En réponse, l’entreprise a promis qu’elle enfouirait ses 16 000 km de câbles électriques pour éviter que ses équipements soient à l’origine d’autres incendies.
Fin juillet, le nombre d’hectares ayant brûlé en Californie était en hausse de 250 % par rapport à 2020, qui était déjà une des pires années en matière d’incendies dans l’Histoire de cet État.
De facto, ce récent drame constitue un énième signal d’alarme qui pousse les États à prendre la question du « réchauffement climatique » à bras-le-corps.
Pour l’éminent climatologue et glaciologue Jean Jouzel, l’urgence est on ne peut plus claire. Un " changement profond " est nécessaire sinon nous aurons " une trajectoire de 3 °C - 3,5 °C dans la deuxième partie de ce siècle ", a-t-il expliqué lors d’un entretien à RFI le 9 juillet.
Et de renchérir : « Les jeunes d’aujourd’hui auront vraiment du mal à y faire face. »
Ella MICHELETTI
Marianne.fr