Le général Al Sissi candidat à un 2e mandat : Un plébiscite en Trump l’œil ?

, par  DMigneau , popularité : 66%

Le général Al Sissi candidat à un 2e mandat : Un plébiscite en Trump l’œil ?

Contrairement à Barack Obama qui ne portait pas dans son cœur le général égyptien (à cause de sa conception particulière des droits de l’homme), au point de de ne l’avoir jamais reçu à la Maison Blanche Donald Trump, lui, non seulement l’y a reçu le avril 2017 mais n’a pas tari d’éloges à son égard. Il fait « un travail fantastique » a déclaré le président " républicain " devant les caméras de télévision. Le travail fantastique du général, c’est sa lutte acharnée contre les " Frères musulmans " dont il a une haine viscérale.

Hasard du calendrier ou timing calculé ?

Peut-être que oui, peut-être que non. Mais le fait que Donald Trump fête son premier anniversaire en tant que 45e président des États-Unis ce 20 janvier 2018, soit le même jour que le président égyptien Abdel Fattah al Sissi a choisi pour annoncer sa candidature à un second mandat, après plusieurs semaines de suspense, vient renforcer si besoin est l’hypothèse que les deux hommes ont - sans jeu de mots - des " atomes crochus " l’un avec l’autre.

Trump, l’acteur de télé doublé d’un businessman imprévisible et bouillonnant adore le général Al Sissi, comédien, froid comme une statue de glace mais impitoyable avec ses rivaux.

Et vice versa.

Contrairement à Barack Obama qui ne portait pas dans son cœur le général égyptien à cause de sa conception particulière des droits de l’Homme, au point de de ne l’avoir jamais reçu à la Maison Blanche, Donald Trump - lui - non seulement l’y a reçu en avril 2017 mais n’a pas tari d’éloges à son égard.

Il fait « un travail fantastique » a déclaré le président " républicain " devant les caméras de télévision. Le travail fantastique du général, c’est sa lutte acharnée contre les " Frères musulmans " dont il a une haine viscérale et sa complicité avec le gouvernement israélien nationaliste de Benyamin Netanyahu.

Une connivence qu’aucun président égyptien n’a jamais atteinte y compris Sadate, pourtant mort assassiné par les « frérots » à cause de son voyage historique à Jérusalem en 1977.

En septembre dernier, le putschiste Al Sissi, tombeur du président islamiste Morsi a rencontré Netanyahu en marge de l’assemblée générale de l’ONU à New-York.

Dans un discours de circonstance, il a appelé les Israéliens à s’unir et soutenir Netanyahu alors pleinement englué dans une série de scandales qui lui valent d’avoir systématiquement la flicaille collée au fesses.

Officiellement Al Sissi a justifié son appel en faveur de Netanyahu par son souci de « sauver la paix entre l’Égypte et Israël » liés par un accord de paix signé en 1979. Mais selon des observateurs, l’appel du général qui a enflammé la toile était dicté par un souci d’éviter la perte d’un allié qui vaut de l’or et qui est la pièce maitresse de la nouvelle « union sacrée » contre l’Iran : " Riyad-Abou Dabi-Le Caire-Tel Aviv/Jérusalem Ouest ".

Une « union sacrée » bénie par Trump et qui rapporte beaucoup de précieux dollars à l’Égypte en proie à une grave crise économique et à la montée du terrorisme au Sinaï.

STRATÉGIE

Al Sissi qui est sûr d’être réélu en mars (ou avril) prochain à une très confortable majorité face aux autres candidats appelés à la rescousse pour lui donner la réplique tient à Trump et Netanyahu comme à la prunelle de ses yeux.

C’est son " assurance-vie ". Sans l’assentiment de ces derniers Le Caire n’aura pas un sou saoudien, d’autant que la rivalité entre le " pays des pharaons " et le royaume wahhabite, née de la concurrence pour le leadership du monde arabo-musulman, existe toujours en coulisse ; et même si la puissante armée égyptienne s’offre comme un bouclier contre l’hégémonisme iranien au Moyen-Orient.

Une réalité qui n’échappe pas aux conseillers de Trump qui tiennent là le bon bout d’une affaire en or.

Diaboliser l’Iran pour qu’il continue de servir d’épouvantail au royaume saoudien, lequel se voit contraint de demander l’aide de l’Égypte, laquelle à son tour réclame plus de dollars et d’armes pour entretenir sa puissante armée considérée comme étant « première armée africaine » et « qui est composée de plus d’un million de militaires, dont près de 460 000 actifs et 875 000 réservistes. Côté matériel militaire, l’armée égyptienne dispose de plus de 4 500 chars, d’un millier d’avions militaires, de centaines de chasseurs, de navires et de bâtiments de guerre. »

En Résumé : Grâce à l’argent saoudien, les États-Unis arment l’Égypte dont ils ont besoin pour leur stratégie dans la région avec du matériel sophistiqué qui a fait ses preuves dans la lutte contre le terrorisme en Irak et Afghanistan.

Al Sissi ne peut être que " super content ". Pour le prouver, il est prêt à se sacrifier pour ses alliés saoudiens.

Premier gage : Malgré une vive opposition, il a « ratifié samedi 24 juin 2017 un accord rétrocédant à l’Arabie saoudite deux îles stratégiques, situées à l’entrée du golfe d’Aqaba et contrôlant l’accès d’Israël à la mer Rouge. »

Trump est également " super content ". Il dira que c’est grâce à lui que ce miracle a pu se réaliser. Autrement dit, du « Make America great again » sonnant et trébuchant est bien passé par là. L’agent étant « le nerf de la guerre », l’Orient compliqué n’est pas si compliqué que ça, en fait…

Abdelkarim Chankou

http://chankou.over-blog.com/2018/01/al-sissi-candidat-a-un-2e-mandat-le-jour-du-1er-anniversaire-de-trump-a-la-maison-blanche.html

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