Salvador : une ado enceinte après un viol prend 30 ans de prison

, par  DMigneau , popularité : 64%

Salvador : une ado enceinte après un viol prend 30 ans de prison

Le Salvador fait partie des pays les plus stricts au monde vis-à-vis de l’avortement. - CC

Une jeune femme a été condamnée pour meurtre après avoir donné naissance à un bébé mort-né issu des viols qu’elle subissait depuis des mois. Elle n’aurait réalisé qu’elle était enceinte qu’au moment de son accouchement.

L’histoire dépasse la fiction. Au Salvador, en Amérique centrale, une adolescente a été condamnée à 30 ans de prison pour meurtre.

Son crime ?

Avoir fait un déni de grossesse avant de donner naissance à un bébé mort-né. La jeune femme, âgée de 18 ans à l’époque, était tombée enceinte après avoir été victime de viols.

Elle n’aurait réalisé son état qu’au troisième trimestre de sa grossesse. Issue d’un petit village rural du Cuscatlán, département du centre du Salvador, elle subissait depuis plusieurs mois les viols que lui imposaient les membre d’un gang.

Elle a accouché dans les toilettes, en avril 2016, où elle s’était rendue parce qu’elle souffrait d’importantes douleurs au dos et à l’estomac. Sa mère l’a ensuite immédiatement conduite à l’hôpital. Les experts n’ont pas été en mesure de dire si le bébé était mort " in utero " ou après l’accouchement.

La juge a finalement retenu les arguments du procureur.

D’après lui, l’adolescente aurait délibérément refusé de voir un médecin car elle ne voulait pas du bébé. Puis elle l’aurait volontairement jeté dans les toilettes avec l’intention de lui donner la mort. La magistrate est allée plus loin, affirmant que la jeune femme n’avait pu agir seule et que sa mère, forcément complice, pourrait aussi être jugée coupable.

L’avortement est totalement illégal au Salvador

" Le verdict qui a condamné Evelyn à trente ans de prison montre comment la justice est appliquée au Salvador : sans preuves directes et sans preuves suffisantes pour clarifier ce qu’une femme a vraiment fait ", a réagi Moerna Herrera, directrice du " Groupe des citoyens pour la décriminalisation de l’avortement ".

Le Salvador, Etat très catholique d’Amérique centrale, fait partie des cinq pays où l’avortement est illégal en toutes circonstances.

Grossesse issue d’un viol, d’un inceste, danger de mort pour la mère, qu’importe : toutes les grossesses doivent être menées à terme. Dans le cas contraire, les femmes s’exposent à des peines de prison allant de huit à vingt ans.

Il y a quatre mois, pourtant, un projet de loi dont le but était d’assouplir ces règles strictes commençait à être examiné au Parlement. Il proposait d’autoriser l’avortement en cas de viol, de trafic d’êtres humains, quand le fœtus ne serait pas viable ou pour protéger la vie de la mère.

Depuis rien n’a évolué, le projet est encore au point mort.

Manon Gauthier-Faure

Marianne